Curiositas : Préface. Objet d’art et art de l’objet.


Johann George Hinz, le cabinet de curiosités, vers 1666.

Johann George Hinz, le cabinet de curiosités, vers 1666.

PREFACE

Le cabinet de curiosités est un lieu d’initié, un endroit où tout à sa place et son intérêt. C’est une chambre de projection de l’intellect sur l’objet. Le beau et le laid peuvent dialoguer en toute égalité car si l’esthétisme est moteur, il l’est moins que l’histoire. Cette histoire fantasmée, des objets qui ont une vie, une âme et une utilité sombre, oubliés de tous et vivants à travers le verbe de l’amateur qui les abrite fièrement. Le cabinet de curiosités est donc une ambassade, celle de la muséologie de la petite histoire, celle des humanistes touchent-à-tout, accumulant les étuis de galuchat, les camés et les livres aussi bien que les écorchés, les coupes montées sur nautiles et les reptiles nageant dans un formol hors d’âge.

La frontière entre l’oeuvre d’art et l’objet commun est futile, car l’exposition  de l’un aux côtés de l’autre est un équilibre, une force au service d’un ensemble cohérent, à l’identité englobant l’unicité de tous ses acteurs. L’amoncellement et l’éclectisme ne sont-ils pas les premières invitations à la curiosité ?

Cette pièce fermée à double tour est le couteau suisse de l’amateur éclairé: un écrin dont on sort des merveilles, des outils, des sirènes et des songes. C’est à l’esthète philosophe, au brocanteur numismate, au ferrailleur bibliophile, bref à tous les hommes (et les femmes) ayant le goût du paradoxe, de l’objet dialoguant à l’oreille attentive, que nous dédions le cycle CURIOSITAS.

Une fois par semaine, Artimeless décryptera un objet, une famille d’objets, qui sont les piliers des plus grands cabinets de curiosité comme des plus anonymes…Dans le fond, il est avant tout question d’intimité.

Nous débuterons ce cycle la semaine prochaine avec son premier volume:

« à corps ouvert, des vanités à l’histoire médicale. »

ARTIMELESS